La passion n’a pas de division: épisode 2

Je commençais à être vraiment en manque. Cinq mois que je n’avais pas vu un match de l’AC Arles au Stade Fournier ; ça commençait à devenir long. Fin septembre, j’avais pu assister à l’ouverture de la saison contre Istres. Depuis, à mon grand regret, les aléas du calendrier firent qu’il m’était impossible de suivre les aventures des Acéistes. Et tant que j’habiterais à la capitale et que les rencontres de DH ne seront pas diffusées par satellite, je devrais m’y faire.

Fred et son tambour, toujours au rendez-vous!

Victoire obligatoire et banderoles Intermarché

Coup d’bol, ce dimanche, l’ACA recevait l’AS Cannes. Rendez-vous est donc pris au Stade Fournier, unique antre des Jaune et Bleu. L’heure est grave. Actuellement quatrième de son groupe, l’AC Arles doit impérativement l’emporter pour toujours croire à la montée en CFA 2. Seul le premier en fin de saison a droit à cet honneur et il est hors de question de passer à côté de l’objectif.

Ce qui est sympa dans les groupes de DH, c’est que quasiment à chaque fois, on trouve une rivalité ancestrale. Pour faire court, chez nous, on déteste à peu près tout le monde. Perdre contre une équipe de la Côte d’Azur, c’est juste impossible. Question motivation, ça règle pas mal de problèmes.

A peine arrivé devant le Stade Fournier, je rencontre Alain, nom de code Capo, et Alex, un Camarguais pur sucre (ou pastis pur), Bertrand et son fils. On a beau être des mecs virils, dans le Sud, tout le monde se fait la bise. Chez nous, c’est trois. Si tu n’en fais que deux, c’est que tu as été colonisé[1]. Les drapeaux sont sortis, les banderoles sont déjà accrochées devant le kop. A ce propos, on ne dira jamais assez de bien des publicités d’Intermarché qui servent de parfaits écriteaux pour les supporters. Mais trêve de digressions. Il est 15h02, le match commence.

Alain aka Capo

Mistral et glacière Ricard

Que c’est bon de chanter avec les collègues ! Tout le répertoire y passe. Au bout de 20 minutes, les gorges sont desséchées. « Faut qu’on s’entraîne pour Toulon samedi prochain » blague Fred. « Y a pas que le terrain qui est sec ! Hein Alain ! » : le Capo a besoin de ravitailler et nous sort sa plus belle glacière floquée 51. Forcément, les galéjades fusent. Fred tape frénétiquement sur son tambour. La demi-mesure, c’est pas son truc au cousin. A la mi-temps, le maillet rend l’âme, coupé en deux. Heureusement, Capo a des baguettes de rechange, on est sauvé.

A la pause, le score est toujours de 0-0. On aurait mérité mieux. A la 2ème minute, le ballon a heurté la transversale grâce à une rafale de mistral mais la réussite nous a fuis. Un peu plus tard, Galtier, le fils du coach de Sainté, mange la feuille. Bien que dominés, les Cannois parviennent à se créer deux occasions énormes mais le gardien sort deux parades du feu de Dieu, l’une en face-à-face, l’autre en allant chercher une frappe enroulée qui filait dans la lucarne droite.

Golazo et histoires drôles

Le temps de prendre un café reconstituant et le match reprend ses droits. A propos de la buvette, l’énorme avantage pour un supporter qui soutient une équipe amateur, c’est que la loi Evin ne s’applique pas. Du coup, la bière avec alcool est autorisée. Bon, là, il fait un brin trop froid pour s’enquiller. On en reparle en avril.

Dominateurs, les Acéistes ouvrent la marque par Oualid Orinel, un joueur de la maison. Tout se passe pour le mieux. On est under control, d’autant plus que pas mal de pros sont venus renforcer la réserve, parmi lesquels Chafik Najih, capitaine positionné en milieu récupérateur.

Jusqu’à présent impeccable, notre gardien nous gratifie d’une cagade des familles, la faute au soleil qui l’éblouit. Egalisation azuréenne. Il reste une bonne vingtaine de minutes mais vu notre difficulté à nous procurer des occasions, ça risque d’être chaud.

Bah, en fait, pas du tout. Quelques secondes après ce coup du sort, Orinel place une tête victorieuse, à la réception d’un centre de Clément Martinez, entré après la blessure –finalement sans gravité- de Carlos Ortega, une légende acéiste. Orinel qui marque du teston, c’est un peu comme si Valbuena ne faisait aucun tonneau après un contact avec un défenseur. Effectivement, c’est exceptionnel.

2-1, c’est bon, la tribune respire. Elle est définitivement rassurée quand, dans la foulée, Galtier enchaîne contrôle en porte-manteau et frappe parfaite lucarne opposée. Un golazo qui lui permet d’oublier son loupé en première période. Le break est fait, comme un symbole de Federer contre Del Potro à Rotterdam. On n’a même pas eu le temps d’avoir peur !

Le coup de sifflet final est donné. On plie les bâches et les drapeaux. On descend tchatcher avec les joueurs, on me raconte les événements que j’ai loupés depuis ma dernière venue en terres arlésiennes. « Il y a un mois et demi, ça s’est engatsé[2] sévère avec Salerno ! Alex, il s’est énervé. Sousa est venu s’en mêler. Comme ils faisaient les beaux en tribune présidentielle, nous, on a chanté toutes les chansons anti-Salerno ! T’as manqué un gros truc. Même les joueurs sur le banc se sont retournés tellement ça criait ! » se marre Fred. C’est pas tout ça mais il fait frisquet. J’ai de la chance, samedi prochain, l’AC Arles joue à Toulon. L’occasion d’un beau déplacement dans le Var. On s’en pourlèche déjà les babines. Chanter avec les collègues, ça n’a pas de prix.

François Miguel Boudet

La passion n’a pas de division: épisode 1

Site des Suportaire Arlaten


[1] Un jour, le monde parlera arlésien. On pourra pas dire que je ne vous aurais pas prévenu.

[2] Synonymes : se filer, se friter, chercher l’embrouille

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