Faut-il mettre une mandale à Vitali Klitchko lors de la pesée ?

Dereck Chisora n’est certainement pas le boxeur le plus connu de la planète. Challenger de Vitali Klitchko pour le titre mondial des lourds WBC, l’Anglais a eu une idée pas banale : gifler l’Ukrainien lors de la pesée. Grâce à cette claque diffusée en Mondovision, il a incontestablement gagné en notoriété. En popularité c’est moins sûr. En plus, il a écopé d’une prune de 50 000 dollars. Après tout, dans la vie, faut savoir prendre des risques nan ?

Réputé pour son manque absolu de panache, l’aîné des Klitchko avait donc promis de coller une danse à l’impétueux britannique originaire du Zimbabwe. Allait-on voir de spectacle ? Les paris étaient lancés.

J’avoue, j’y ai cru. Pas longtemps certes. Pendant les deux premières reprises, j’ai espéré que Vitali corrigerait Chisora après l’avoir horriblement torturé. Le début du combat me fit penser au Pacquiao/Hatton de 2009. A savoir, un challenger (Hatton) qui fonde sa tactique sur l’offensive, souhaitant avancer et marcher sur son adversaire coûte que coûte. La différence, et elle est de taille, c’est que Pacman n’est pas Vitali. Dès le premier round, le Philippin avait mis le pilier de pub au tapis avant de l’achever dans le deuxième. Propre. Or, Vitali n’est pas ce que l’on appelle un puncheur. C’est plutôt un épicier de la boxe. La gestion de ses combats est toujours une leçon. Jamais dans le rouge, jamais dans les cordes, rarement sous pression. Du coup, c’est inéluctable, on s’emmerde sévère à chaque fois et on a cette étrange sensation d’avoir paumé une heure de notre existence.

Histoire de le remonter encore davantage, Chisora avait pourtant mis les bouchées doubles. A peine arrivé sur le ring, v’la t’y pas qu’il crache sur Wladimir, le frère cadet de Vitali, qui doit affronter Jean-Marc Mormeck le 3 mars prochain. Faut pas être trouillard. Ou alors complètement abruti. Dans son magnifique maillot de Manchester United floqué du 7, Chisora est hué par la foule munichoise, entièrement acquise à l’Ukrainien. Les « Vi-ta-li, Vi-ta-li » descendent des gradins. De quoi survolter Klitchko ? Pas vraiment.

Car après avoir pris un coup à l’arcade pendant la deuxième reprise (et adressé pas mal de droites dans la mouille du challenger), Vitali est redevenu Vitali : un boxeur efficace, précis mais beaucoup trop clinique pour que l’on puisse s’enflammer. Triste époque pour la catégorie des lourds ! Avant, on mettait le réveil pour voir Iron Mike Tyson ; aujourd’hui, on met le réveil pour nous sortir de la torpeur dans laquelle nous plonge la fratrie Klitchko. C’est bien simple, quand on les voit boxer, on a constamment l’impression d’assister à un combat de boxe amateur. Ainsi, les Ukrainiens privilégient les coups nets, qui marquent aussi bien l’esprit de l’adversaire que ceux des juges. Un travail de sape que Vitali exécute à la perfection, garde main gauche basse et jabs cinglants. Chisora peut bien y mettre toute son énergie, vouloir casser la distance (il rend 15 cm à Klitchko : 1m87 contre 2m02), Vitali est trop habitué à contenir ses adversaires et à les contrer immédiatement. Bref, un éternel remake dont le scenario est toujours aussi implacable.

Si certains estiment que Chisora a parfois mis en difficulté l’aîné des Klitchko, c’est un pas que je ne franchirais pas. Certes, Vitali a dû sortir les griffes un peu plus qu’à l’accoutumée. Cependant, la décision des juges a été unanime et incontestable (110-118, 110-118 et 111-119). Klitchko n’a pas vacillé et a contrôlé as usual. Sans fanfare ni trompettes. Sobre. Chiant.

Malgré cette nette défaite, Chisora n’est pas du genre à arrêter. A peine le verdict annoncé, v’la t’y pas qu’il s’engraine avec Wladimir. Franchement, se friter aux deux frères Klitchko après avoir encaissé des gnons pendant douze rounds, c’est juste de la folie pure. Que pouvait-on attendre d’un point de vue tactique de la part d’un fêlé pareil?

Au final, Chisora aura pris sa dose comme les autres. Néanmoins, il a su donner de l’intérêt à ce Championnat du Monde. En revanche, pour ce qui de donner de l’intérêt à sa boxe, Vitali Klitchko a assuré le service minimum. Mais pour ce qui est de susciter des vocations, vous serez gentils de repasser.

François Miguel Boudet

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2 commentaires pour Faut-il mettre une mandale à Vitali Klitchko lors de la pesée ?

  1. Mèch Tuyot dit :

    c’est simple, ils m’ont fait arrêter de regarder la boxe, ça et les autres qui refusent un test urinaire le mercredi des vendanges parce que c’est contre sa religion…

    rendez nous prince naseem hamed qu’on rigole un peu, même si j’aimais pas du tout le style et sa boxe.

    • cramponsde16 dit :

      Chisora a tenté de rendre le truc marrant. S’il avait été bon boxeur, ça l’aurait fait. Le meilleur, c’est qu’il s’est battu avec Haye qui bossait pour la BBC. Le tout devant les Klitchko qui devaient bien se demander qui étaient ces dingues!

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