Martin Fourcade, ce n’est qu’un début

Il a survolé les championnats du Monde de biathlon. Dans le Temple de Ruhpolding, Martin Fourcade a remporté trois titres individuels agrémentés d’une médaille d’argent en relais. Au coude à coude avec le Norvégien Emil Svendsen pour remporter la Coupe du Monde générale, le parcours du cadet de la fratrie a fait preuve d’un état d’esprit exceptionnel pour s’affirmer comme le véritable patron de la discipline.

Un apprentissage express

La trajectoire de Martin Fourcade est fulgurante. Des débuts en Coupe du Monde en 2008, à seulement 20 ans, le natif de Céret suit les traces de son frère Simon et s’installe en Equipe de France en 2008/2009. Trois places dans les dix premiers témoignent de son potentiel. Cela tombe bien, les Jeux Olympiques approchent. Et de talent brut, Martin devient un véritable outsider au podium, à la faveur de plusieurs Top 10 en Coupe du Monde. Sauf que ses résultats à Vancouver sont décevants : 35ème du sprint, 34ème de la poursuite, 14ème de l’individuelle, 6ème en relais. Dernière épreuve, la mass-start lui réussit. Derrière le Russe Ievgueni Oustiougov, Fourcade se pare d’argent. Dans la foulée, il monte pour la première fois sur le podium d’une Coupe du Monde, enchaîne trois victoires de rang, deux en poursuite et une en sprint. Pour sa deuxième saison, il s’adjuge le petit globe de cristal en poursuite et finit cinquième du classement général après avoir longtemps espérer le remporter.

Attendu au tournant, le Catalan poursuit sa progression. Et après avoir été vice-champion olympique, il remporte trois médailles aux Mondiaux de Khanty-Mansiïsk. Troisième du relais mixte, vice-champion du Monde du sprint derrière l’Allemand Arnd Peiffer, il se paie le luxe d’obtenir son tout premier titre mondial en grillant la politesse aux Norvégiens Tarjei Boe et Emil Svendsen lors de la poursuite. En revanche, il finit derrière eux au classement de la Coupe du Monde générale. Quoi qu’il en soit, le gamin progresse et apprend vite.

Sur les traces de Raphaël Poirée 

Malgré les titres olympiques de Vincent Defrasne en 2006 et Vincent Jay en 2010, la France du biathlon espérait l’éclosion du successeur de Raphaël Poirée. Octuple champion du Monde, le Drômois a pris sa retraite sportive en 2007, après un ultime duel épique avec son éternel rival, Ole Einar Bjorndalen. Depuis lors, les Bleus se cherchaient une locomotive. Une chose est certaine, en 2012, ils l’ont trouvée.

Triple champion du Monde la semaine dernière à Ruhpolding, Martin Fourcade est en passe de remporter le globe de cristal de la Coupe du Monde générale. Avec 6 victoires cette saison contre 3 pour son dauphin Svendsen, Fourcade dispose de 66 points d’avance sur le Norvégien avant les finales à Khanty-Mansiïsk.

Ce qui a le plus étonné lors des Mondiaux, c’est la faculté qu’a eu Fourcade à se remettre en question. Car après avoir craqué face à Svendsen lors du relais et face à la déception de ses coéquipiers qui avaient réalisé une grande performance, Fourcade n’a laissé la personne d’autre la possibilité de croire en une victoire lors de la mass-start. Impérial à skis, son gros point fort, Fourcade a placé une dernière mine lors du dernier tronçon pour décrocher le Suédois Bjorn Ferry, là où son compatriote Carl-Johan Bergman avait également cédé en poursuite : « Sous une pluie battante, je suis allé chercher la réaction d’orgueil que j’attendais suite à mes mauvais tirs du relais et de l’individuel pour accrocher une troisième médaille d’or. J’avais ciblé cette mass-start avant le début des championnats sachant qu’elle serait particulièrement difficile à gagner. Ce fût le cas! ».

 

Auteur d’une immense performance à Ruhpolding, Martin Fourcade a démontré que, malgré son jeune âge, il avait les facultés nécessaires pour enchaîner les courses, rester concentré sur son tir et conserver un niveau incroyable à skis. En compagnie de son frère Simon, Fourcade a emmené dans son sillage le reste de l’Equipe de France qui a décroché 8 médailles mondiales. L’avenir appartient à Martin Fourcade et cette razzia ne sera certainement pas la dernière.

 

François Miguel Boudet

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